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Étude des potentialités et des perspectives d’amélioration des espaces pastoraux et des bourgoutières aménagées

Research Details

  • Recherche : Étude des potentialités et des perspectives d’amélioration des espaces pastoraux et des bourgoutières aménagées
  • Chercheur : Aly DOUMBIA
  • Categorie : Mononucleosis Test
  • Année : Mars, 2019
  • Localisation : GAO / MALI

1. CONTEXTE, PROBLÉMATIQUE ET OBJECTIF

Cette étude s’inscrit dans le cadre de la résilience à travers les espaces pastoraux et bourgoutières aménagés par le PAM à travers l’ONG CDRNM. Pour mettre en évidence les potentialités et les perspectives de 42 ha d’espaces pastoraux et les 17 ha de bourgoutières aménagés pour les agros éleveurs du cercle d’Ansongo pour qui, l’élevage est un mode de placement, sous forme de têtes de bétail, des revenus, tirés des autres activités. Le Mali est un pays sahélien avec une forte variation inter annuelle de pluie. L’alimentation apparait comme la contrainte la plus importante pour l’élevage. Le disponible fourrager des pâturages naturels sont insuffisants au double plan de la quantité et de la qualité. A ces contraintes, s’ajoute des situations de crises largement dues à des catastrophes naturelles souvent couplées à des chocs économiques, des crises politiques et sécuritaires. Cette situation qui perdure, est accompagnée d’une augmentation des conflits autour des espaces pastoraux. Les principales conséquences de ces crises des régions du nord du Mali sont entre autres la pauvreté extrême, la vulnérabilité, les risques et les privations. L’objectif général de cette étude est : contribuer à l’amélioration de la productivité des espaces pastoraux et des bourgoutières aménagées et spécifiquement :

(i) identifier les facteurs d’amélioration et de la gestion durable des sites aménagés ;

(ii) déterminer les impacts de l’aménagement des sites aménagés ;

(iii) proposer des voies et des moyens pour l’amélioration de l’aménagement des sites aménagés.

2. MÉTHODOLOGIE

La méthodologie s’est basée sur la prise de contact et la collecte de données auprès des structures techniques, des autorités administratives et traditionnelles, des populations des villages concernés et les recherches sur l’internet. La visite des sites aménagés, l’échantillonnage a concerné les populations de quatre (4) villages (Badji Gourma, Boubaldjindé, Monzonga et SeynaBellah), de la commune d’Ansongo. Les quatrevillages ont une population de 22 772 habitants dont 9 065 hommes, soit 39,81 % et 13 707 femmes soit 60,19 % réparties entre 2 470 ménages (PDESC de la commune d’Ansongo, 2016). L’échantillonnage adoptée a été la non-probabiliste, avec le choix de l’échantillon raisonné Compte tenu de certaines valeurs culturelles propres aux coutumes des communautés locales de la zone et auxquelles nous ne pouvons-nous y soustraire, nos enquêtes se sont limitées aux hommes. III.2. 163 Vue la situation sécuritaire de la zone, nous avons interrogé 53 agro-éleveurs pour les enquêtes individuelles et le focus-group a concerné environ 400 agropasteurs. La conception, le pré-test et l’administration du guide d’entretien et le questionnaire, ensuite la détermination des potentialités et enfin l’interprétation des données. Pour la réalisation des travaux les matériels suivants ont été utilisés : (i) les transports en commun ; (ii) une moto SANILI ; (iii) un bloc-notes, des crayons et des stylos ; (iv) un ordinateur portable ; (v) un téléphone Android ; (vi) les fiches d’enquête ; (vii) les guides d’entretien ; (viii) une imprimante ; (ix) ne photocopieuse.

3. RÉSULTATS - DISCUSSION

Le rapport annuel de la DNPIA (2015) indique que l’effectif moyen de cheptel par exploitation est de 6 bovins, 6 ovins et 6 caprins par ménage dans la région de Gao. En ce qui concerne notre étude, il est apparu que les personnes interrogées possédaient en moyenne 8 bovins, 6 ovins et 5 caprins dans leur ménage avant les travaux d’aménagements, mais de nos jours chacun des ménages des interrogés possèdent en moyenne 9 bovins, 5 ovins et 4 caprins environ (figure 1).

Effectifs moyens du cheptel par exploitation des 4 villages concernés par l’étude

La production fourragère totale de 42 ha d’espaces pastoraux avec un rendement 1 190 kg de MS par ha est de 54 180 kg de MS (tableau 1). D’autre études ont montré que la production en fourrage des zones sahéliennes où la pluviométrie moyenne annuelle tourne autour des 400 mm est environ 1000 kg de fourrages par ha (Grouzis et al., 1989). À travers cette étude, nous pouvons dire que notre productivité des espaces pastoraux aménagés est satisfaisante

Rendements et productions des 42 ha d’espaces pastoraux et 17 ha de bourgoutières aménagés par an

Les 17 ha des bourgoutières (photo 1) aménagées dans le cercle d’Ansongo produisent 340 000 kg de MS par an, soit un rendement de 20 000 kg de MS par ha et par an. D’autres études montrent que à Tonka dans le cercle de Niafunké en zone lacustre du Mali, les bourgoutières régénérées de 4 à 5 ans produisent des biomasses de l’ordre de 15 à 30 tonnes par ha (UNSO, 1989) ; dans la région de Mopti, des estimations effectuées dans les grandes bourgoutières varient de 6 tonnes à 20 tonnes de MS et exceptionnellement 30 tonnes de MS (Hiernaux et al. 1982).

Photo 1 : Bourgoutières aménagées de Seyna Bella

Ces estimations sont comparables aux résultats obtenus par la présente étude. La capacité de charge des espaces pastoraux aménagés est entre 2 à 3 ha d’espaces pastoraux par bovin de 250 kg par an (Tableau 2). Les pâturages des glacis de Ménégou au Burkina Faso avec 8 412 ha, supportent environ 800 UBT/an (Sanon et al. 2015). D’autre études ont montré que la capacité moyenne de charge possible est comprise entre 4 et 12 ha par bovin de 300 kg par an (Grouzis et al., 1989 ; Corra, 1992). Nous trouvons que notre capacité de charge est proche de celle de ces études antérieures. Considérant les données du tableau 3, les espaces pastoraux et bourgoutières aménagés peuvent prendre en charge seulement pendant 14 jours de pâtures l’effectif total (7060 têtes) de bovins des 4 villages qui ont environ un besoin de fourrage d’environ 29 440,2 kg de MS par jour. L’effectif total (4 600) d’ovins des 4 villages peut être nourri par les 42 ha d’espaces pastoraux et les 17 ha de bourgoutières pendant 137 jours. On ne peut les utiliser que pendant 154 jours de pâtures avec l’effectif total des caprins des 4 villages.

Capacité de charge par espèces bovine, ovine et caprine des espaces pastoraux et bourgoutières aménagées pendant un an
Productivité potentielle par espèce des 42 ha d’espaces pastoraux et 17 ha de bourgoutières aménagés en jours

Après l’analyse des données collectées, nous avons constaté que 92,2 % des personnes interrogées témoignent que la productivité des animaux était en baisse et 7,8 % témoignent une productivité améliorée avant les aménagements (figure 2). Après les aménagements, 86,8 % témoignent une amélioration de la productivité, 1,9 % de la diminution et 11,3 % de la stabilité de la productivité. Il s’agit de l’évolution de la productivité des animaux des 4 villages dans le temps et nous remarquons que la plupart des populations bénéficiaires ont observé une amélioration dans la productivité des animaux en générale.

Impact des aménagements sur la production animale

4. CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS

Au terme de cette étude, la potentialité des 42 ha d’espaces pastoraux et les 17 ha de bourgoutières est de 394 180 kg de MS pendant une année avec une capacité de charge de 172 UBT ou 259 bovins ou 1 728 ovins ou encore 2 077 caprins, cette production totale peut aussi couvrir les besoins de 3 mois d’embouche en fourrage soit de 1 050 bovins, soit de 4 940 ovins et/ou soit de 7 410 caprins. Quant aux bourgoutières, seules elles fournissent 340 000 kg de MS, qui donnent 113 333 bottes de 3 kg à 250 FCFA l’unité, produisent une somme de 28 333 370 FCFA pour les 4 villages.

Cette étude nous a permis de constater que les aménagements des espaces pastoraux et bourgoutières ont un impact positif sur le plan socioéconomique et environnemental des populations de la zone d’étude. Nous recommandons à l’État et aux ONG de :

(i) promouvoir le programme de résilience pour les populations vulnérables du pays et

(ii) renforcer la capacité des populations et les comités de gestions avec des formations, sensibilisation, mobilisation, d’information, formation et d’éducation sur des techniques de gestion et d’entretiens afin de pérenniser les aménagements.

5. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

Corra, 1992 : La moyenne vallée de l’Awash (Ethiopie). Projet agricole et vétérinaire français en Ethiopie, Addis Abeba. CIRAD-EMVT, 78 p. DNPIA (Direction Nationale des Productions et des Industries Animales), 2015 : (Mali) Rapport annuel ; page 64 ; 114 Pages.

Grouzis et al., 1989 : Eléments de stratégie pour le développement agro-sylvo-pastoral au Sahel. Formation en Aménagement Pastoral Intégré au Sahel, FAPIS, Dakar, Sénégal, pages 12 ; 117 p.

Guinko S., 1984 ; Hien F. G., 1995 : La régénération de l’espace sylvopastoral au Sahel : Une étude de l’effet des mesures de conservation des eaux et des sols au Burkina Faso. Document sur la gestion des ressources tropicales n°7, université de Wageningen, 194 Pages.

Hiernaux P. et al., 1982 : Méthode d’évaluation du potentiel fourrager de parcours sahélien. Miscellaneous Paper, 430, CABO Wageningen, Netherlands., http://portails.cilss.bf:8500/documents/6043.pdf

Sanon et al., 2015 : Evaluation des potentialités pastorales du terroir de Ménégou au Burkina Faso, CRAFINERA-CNRST, FaSee discussions, stats, pages 264 ; 268 Pages. Adresse (Page consultée le 25 Octobre 2019) URL : https://www.researchgate.net/publication/32970560

UNSO (1991) : les bourgoutières reverdissent. https://cgspace.cgiar.org/handle/10568/60023 (Page consultée le 11 Novembre 2019)