Introduction
La région sahélienne est confrontée de manière récurrente à des problèmes d’insécurité alimentaire et nutritionnelle, de dégradation des ressources naturelles, conséquences des changements climatiques et de la pauvreté. En somme, c’est la partie du monde qui a connu, au cours de la dernière décennie, la plus forte augmentation de la faim malgré la mobilisation et l’intervention d’une diversité d’acteurs pour fournir une aide alimentaire aux plus vulnérables.
Suite aux multiples succès enregistrés dans le cadre de conventions de partenariat scientifique entre le Programme Alimentaire Mondial (PAM) et six (6) institutions d’enseignement supérieur et de recherche du Sahel, à savoir l’Université Nazi BONI (Burkina Faso), l’Université Gaston BERGER (Sénégal), l’Université Abdou MOUMOUNI (Niger), l’Université Dan Dicko DANKOULODO de Maradi (Niger), l’Université de N’Djamena (Tchad) et l’Institut Polytechnique Rural de Formation et de Recherche Appliquée (Mali), ces dernières ont décidé d’unir leurs efforts au sein d’un réseau. Cet engagement a abouti à la création en janvier 2020 du Réseau des Universités du Sahel pour la Résilience (REUNIR).
REUNIR ambitionne d’être un outil d’appui et d’aide à la décision dans les domaines de la résilience vis-à-vis de l’insécurité alimentaire et nutritionnelle, les changements climatiques et les catastrophes naturelles au Sahel. Initialement composé de six (6) universités, REUNIR comptera au cours de cette année 2023 11 universités avec l’adhésion de l’Université de Fada N’Gourma (Burkina Faso), l’Université de Ségou (Mali), l’Université de Diffa (Niger), l’Université Amadou Moctar Mbow (Sénégal) et l’Université de Abéché (Tchad).
Conformément à ses objectifs et dans le cadre de la mise en œuvre de son plan d’actions 2023, le Réseau des Universités des Sahel pour la Résilience (REUNIR) organise courant novembre un colloque scientifique international sur les questions de Migration, Changement climatique, Sécurité alimentaire et Résilience à l’Université Dan Dicko Dankoulodo de Maradi au Niger.
I. Contexte et justification de la tenue du colloque
La région sahélienne est caractérisée par des disparités spatiotemporelles des caractéristiques climatiques qui influent sur les moyens d’existence notamment sur les productions agrosylvopastorales et halieutiques. Cela est dû au fait que les pays du Sahel sont dans une situation d’extrême vulnérabilité quasi permanente, liée aux sècheresses, aux attaques des ravageurs, à la dégradation continue des terres et à une désertification progressive du milieu naturel.
C’est ainsi que depuis quelques décennies, la région du Sahel connaît une forte augmentation du nombre de personnes en insécurité alimentaire. Plus de 6 millions d’enfants de moins de 5 ans sont considérés comme malnutris. L’indice de développement humain des pays du sahel figure parmi les plus bas au monde, le niveau de pauvreté est très élevé avec une faible participation des femmes aux activités économiques et un faible accès aux services sociaux de base.
Au-delà des questions alimentaires, d’autres défis sociaux, dont l’insécurité grandissante et le phénomène de migration avec un nombre important de réfugiés et de personnes déplacées internes impactent négativement le Sahel. L’insécurité croissante, corolaire de l’aggravation des situations conflictuelles au Sahel et aux difficultés liées à la prise en charge de plus d’un demi-million de personnes déplacées à l’intérieur de leurs propres pays, met à les moyens d’existence des communautés.
Ainsi, l’enjeu majeur qui justifie la tenue du présent colloque est de créer les conditions de profondes réflexions autour des défis majeurs qui minent le processus de développement et la construction de la résilience des communautés et des écosystèmes sahéliens.
- Défis liés au phénomène de migration
La migration est définie comme tout déplacement des individus de leur milieu de vie habituel vers d’autres horizons peut être familiale ou individuelle, temporaire ou définitive, professionnelle, forcée ou volontaire. C’est un phénomène universel basé sur la recherche d’une vie meilleure.
La problématique migratoire constitue aujourd’hui l’un des sujets de débats à tous les niveaux. On estime à environ 8,4 millions de migrants quittant l’Afrique de l’Ouest pour diverses destinations dont principalement l’Europe.
Diverses sources considère aujourd’hui l’Afrique subsaharienne comme tout particulièrement exposée au changement climatique et à ses conséquences diverses (IPCC, 2014). Les effets des changements climatiques, qui se traduisent par l’irrégularité des précipitations, la dégradation des terres agricoles, l’assèchement des marres, la disparition du couvert végétal, sont à l’origine du déplacement massif des populations vers des zones où elles peuvent mener leurs activités.
Le phénomène de migration, surtout dans les pays du sahel, est très préoccupant avec l’intensification des migrations forcées massives aussi bien internes que transfrontalières, ayant comme causes principales l’insécurité, les famines, l’extrême pauvreté, etc. En effet, depuis plus d’une décennie, la région du Sahel est en proie à une insécurité grandissante liée aux actions des groupes terroristes qui opèrent dans la sous-région et à des conflits intercommunautaires (agriculteurs-éleveurs).
Dans une analyse des questions de migration en Afrique de l’Ouest, Van der Land et al. (2018) ont mis en lumière l’importance de la migration circulaire et des conséquences des remises sur les capacités d’adaptation et sur la résilience. Les facteurs environnementaux ne sont donc pas les seules variables à étudier dans la prise de décision de migrer. Les recherches et les futures réflexions doivent nous éclairer sur des approches plus larges qui prennent en compte l’hétérogénéité des contextes ouest-africains.
- Défis liés à la sécurité alimentaire et nutritionnelle
Depuis environ quatre décennies, les conditions climatiques extrêmes ont continuellement plongé des millions de personnes dans une insécurité alimentaire aiguë à travers l’Afrique subsaharienne. Les chocs induits par le climat sur le système alimentaire frappent maintenant environ tous les 2 ans, et sont même quasi permanents par endroit. Dans ces conditions, les exploitations agricoles de ces pays ou régions n’ont aucune possibilité de récupération avec le rapprochement des chocs. C’est dire donc que pour surmonter plus rapidement les difficultés alimentaires, il y a nécessité d’investir dans la résilience des communautés et des écosystèmes. Selon les Nations Unies, en Afrique, jusqu’à 65% des terres de production sont dégradées et 45% des terres sont touchées par la désertification. Cette désertification entraîne une baisse de la fertilité des sols et des terres disponibles pour le pâturage. Dans une déclaration commune lors de la réunion annuelle du Réseau pour la prévention des crises alimentaires en Afrique de l’Ouest (RPCA) tenue à Lomé en décembre 2022, l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF) et le Programme Alimentaire Mondial (PAM) ont lancé la sonnette d’alarme.
En effet, ces organismes soulignaient que le nombre de personnes souffrant de la faim en Afrique de l’Ouest et du Centre devrait atteindre un record historique de 48 millions dont 9 millions d’enfants l’année prochaine si des solutions urgentes et durables ne sont pas apportées. Selon les derniers résultats du Cadre Harmonisé d’Analyse de la Sécurité Alimentaire, plus de 35 millions de personnes (dont 6,7 millions d’enfants) dans la région, soit environ 8% de la population évaluée sont actuellement incapables de satisfaire leurs besoins alimentaires et nutritionnels de base.
Il ne suffit pas pour les populations d’avoir à leur disposition des produits alimentaires, mais il faut une alimentation équilibrée du point de vue nutritionnel surtout pour les enfants de 0 à 5 ans. La malnutrition, dans sa forme aigue, est souvent très rependue dans ces pays. Les causes sont d’ordre social, culturel et comportemental, mais cette malnutrition est aggravée par l’insécurité grandissante et généralisée dans les pays du Sahel. Pour relever ce défi, il y a une nécessité absolue de mobiliser les compétences scientifiques pour appuyer les stratégies de développement de ces Etats.
En outre, les pays africains en général et ceux du Sahel en particulier, sont affectés par les chocs mondiaux qui ébranlent les systèmes alimentaires, notamment la volatilité des marchés des produits de base, les augmentations des prix de l’énergie et des engrais, les perturbations du commerce international et les événements en cours en Ukraine. Ces chocs ont entraîné de fortes hausses des prix des denrées alimentaires dans toute la région et ont aggravé l’insécurité alimentaire, cette inflation mettant à rude épreuve les maigres revenus des ménages et menacent la résilience des communautés. Tous les indicateurs montrent qu’il est urgent de trouver des solutions pérennes afin d’assurer aux générations futures une terre productive en mesure de répondre à leurs besoins.
- Défis liés aux Changements Climatiques
Les pays en développement, particulièrement les pays du Sahel sont vulnérables aux effets néfastes des changements climatiques. Cette exposition se manifeste par une augmentation continue des températures, une forte variabilité spatiotemporelle de la pluviométrie, accompagnée d’une recrudescence des évènements extrêmes à l’échelle de la planète. Toutes les raisons de l’augmentation des températures ne sont peut-être pas encore connues, mais l’essentiel est dû aux quantités énormes de gaz à effets de serre (GES) dont l’émission dans l’atmosphère est liée à l’activité de l’homme (Industries, agriculture, élevage, transport etc.). Il est en effet admis que les changements climatiques sont difficilement réversibles à moyen terme.
II. Objectifs du Colloque scientifique international
Ce colloque vise à mobiliser les Enseignants- Chercheurs, les Chercheurs, les Doctorants, les Acteurs du développement et les communautés pour un appui à la construction de la paix et un développement durable au Sahel. Les travaux s’articuleront autour du thème principal : « Migration, Sécurité alimentaire, Changement climatique et Résilience au sahel : Quelles contributions de la recherche scientifique pour une paix et un développement durables ? ».
L’objectif principal est de faire des propositions d’outils et des stratégies d’intervention pour l’atteinte d’une résilience durable des populations et des écosystèmes.
De manière spécifique, il s’agira d’analyser :
- les impacts des changements climatiques et des pratiques agrosylvopastorales et halieutiques au Sahel et les risques environnementaux ;
- les causes, enjeux et conséquences des migrations et l’insécurité alimentaire au Sahel ;
- la gouvernance des ressources naturelles et la gestion durable des terres pour la résilience ;
- les systèmes et/ou approches de gestion des flux migratoires transfrontaliers.
III. Organisation du colloque scientifique international
Le colloque international durera trois (3) jours. Une conférence inaugurale portera sur la problématique de développement durable au Sahel – enjeux et défis. Ensuite cinq panels seront organisés sur les sous thèmes suivants :
- Panel 1 : Sécurité alimentaire et nutritionnelle, migration et développement durable au Sahel ;
- Panel 2 : Changement climatique et pratiques agrosylvopastorales et halieutiques ;
- Panel 3 : Gouvernance des ressources naturelles et gestion durable des terres pour la résilience ;
- Panel 4 : Systèmes et approches de gestion durable des flux migratoires ;
- Panel 5 : Table ronde de réflexion sur la recherche, les enjeux de développement et la résilience.
Placé sous le haut patronage de Monsieur le Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, le colloque sera organisé par le Réseau des Universités du Sahel pour la Résilience (REUNIR). Il se tiendra du 6 au 8 novembre 2023 à l’Université Dan Dicko Dankoulodo de Maradi au Niger.
IV. Résultats attendus du Colloque
A l’issue du Colloque, les résultats suivants sont attendus :
- Les causes, enjeux et conséquences des phénomènes des migrations dans le sahel sont analysés ;
- Les systèmes et ou approches de gestion des flux migratoires transfrontaliers sont analysés ;
- Les mécanismes d’une bonne gouvernance des ressources naturelles et de construction de la résilience sont analysés ;
- Les enjeux et défis actuels liés à la sécurité alimentaire et nutritionnelle sont analysés ;
- Les impacts des changements climatiques et risques environnementaux sont évalués ;
- Les impacts des bonnes pratiques en matière de gestion durable des terres et de résilience sont connus ;
- Une déclaration finale sur la proposition des stratégies et des recommandations de gestion des différentes crises est élaborée et diffusée.
V. Comité Scientifique du Colloque
Un comité scientifique international composé des Chercheurs et d’Enseignants Chercheurs des Universités membres de REUNIR est mis en place. Il a pour tâche de recevoir les projets des communications, de sélectionner et évaluer les manuscrits d’articles après une pré-évaluation par des comités de lecture. Les communications validées seront éditées sous forme d’actes de colloque.
VI. Format du colloque scientifique international
Ce Colloque sera un cadre d’échanges, de partage des résultats de recherche mais également un moment de grandes réflexions pouvant aboutir à des propositions de stratégies de gestion des différents défis qui freinent le développement des pays du Sahel. Il se déroulera dans un format hybride (présentiel et virtuel) pour faciliter la participation des communicateurs. Le Colloque se déroulera en français et en anglais et les séances seront animées par des scientifiques et des experts de haut niveau. Toutes les communications seront éditées sous forme d’actes du colloque. Le colloque fera l’objet d’une déclaration finale qui sera disponible en français et en anglais.
VII. Conditions de participation
Le colloque International est ouvert aux chercheurs, aux doctorants, aux enseignants-chercheurs, et aux experts des organisations non gouvernementales, des structures privées ou publiques après inscription et soumission de sa communication pour l’un de quatre sous thèmes des panels présentés ci-dessus.
VIII. Soumission des communications
Le résumé : il doit être succinct (250 mots au maximum), attractif et structuré en problème/objectif, matériels et méthodes, principaux résultats/ discussion et cinq (05) mots clés au maximum.
Le résumé doit être fourni en français et en anglais, et doit tenir sur une page, le (s) prénom (s) et nom(s) des auteur (s) et les adresse (s) complète (s), statut professionnel et institution de rattachement. Les auteurs doivent soumettre leurs manuscrits à l’adresse mail suivant : reunir@u-naziboni.bf , seuls les articles complets seront traités. Les textes doivent être en Times New Rouman, police 12, interligne simple. Les participants et les experts qui comptent soumettre des communications pour le colloque international doivent respecter les dates limites indiquées dans le tableau ci-dessous.
Tableau : les différentes échéances
Activité | Période |
Lancement de l’appel à candidature | 15 juillet 2023 |
Soumission des résumés | 1er au 30 août 2023 |
Notification d’acceptation | 15 septembre 2023 |
Soumission de l’article complet | 15 au 30 septembre 2023 |
Inscription de participation | 25 au 30 septembre 2023 |
Tenue du colloque international | Du 6 au 8 novembre 2023 |
Publication des actes du Colloque | Décembre 2023 |
NB : l’inscription au colloque est assujettie au payement du frais d’inscription :
- Enseignants Chercheurs et Chercheurs : 30 000 F CFA
- Membres des ONG et autres Organismes : 30 000 F CFA
- Doctorants : 15 000 F CFA