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Communiqué final du colloque scientifique international sur« Migration, Changement climatique, Sécurité alimentaire et Résilience au Sahel »

Du 2 au 4 mai 2024 s’est tenu dans l’auditorium de la Faculté d’Agronomie et des Sciences de l’Environnement de l’Université Dan Dicko Dankoulodo de Maradi le colloque scientifique international sur « Migration, Changement climatique, Sécurité alimentaire et Résilience au Sahel » organisé par le réseau des Universités du Sahel pour la résilience (REUNIR) à l’Université Dan Dicko Dankoulodo de Maradi au Niger.

Cette rencontre scientifique internationale a vu la participation d’éminentes personnalités scientifiques venues des Universités du Nigéria, du Sénégal, du Burkina Faso, du Mali, du Tchad, de la côte d’Ivoire, des Universités publiques du Niger, des centres de recherche et des représentants des institutions des Nations Unies, des ONGs, Projets et programmes.

Placée sous le haut patronage du Ministre de l’Enseignement Supérieur de la Recherche et de l’Innovation Technologique Professeur MAMADOU Saidou, ce colloque a été marqué par la présence d’éminentes personnalités administratives et coutumières et les membres du bureau de REUNIR, tous venus pour échanger sur les enjeux et défis de développement de la région du Sahel.

Après la cérémonie d’ouverture riche en allocution dont celle du Ministre de l’Enseignement Supérieur de la recherche et de l’Innovation technologique, Pr Mamadou Saidou, parrain de l’évènement        .   

Le colloque a débuté par une conférence inaugurale sur « la problématique de développement durable au Sahel – enjeux et défis » co-animée par M. Volli Carucii du PAM et Pr Emérite Ambouta Karimou de l’UAM. Trois jours durant, les participants ont débattu sur d’importants points :

Le rappel de l’historique de la création de REUNIR ainsi que les enjeux et causes qui ont motivé cette initiative et les objectifs assignés à cette structure.

🔬 Le colloque scientifique international de Maradi a enregistré une cinquantaine (50) de communications sur divers sujets au tour de quatre panels de discussions dont :

  • Panel 1 : Sécurité alimentaire et nutritionnelle, migration et développement durable au Sahel ;
  • Panel 2 : Changement climatique et pratiques agrosylvopastorales et halieutiques ;
  • Panel 3 : Gouvernance des ressources naturelles et gestion durable des terres pour la résilience ;
  • Panel 4 : Systèmes et approches de gestion durable des flux migratoires ;
  • Et enfin unetable ronde de réflexion avec les partenaires pour les perspectives de recherche sur les enjeux de développement et la résilience au Sahel.

📚 Recommandations

Aux termes des travaux les participants au colloque international ont formulé d’importes recommandations :

  • Développer des recherches sur la problématique de la sécurisation foncière afin de sécuriser les investissements en matière de la gestion durable des terres et le pastoralisme ;
  • Vu l’ampleur du développement de la régénération naturelle assistée, la recherche doit mener des investigations pour promouvoir une gouvernance durable des ressources naturelles ;
  • Promouvoir la recherche scientifique sur la biodiversité végétale et animales locales pour la construction de la résilience des communautés et des écosystèmes durables ;
  • Approfondir la recherche sur la migration qui est un phénomène naturel afin d’établir un lien entre la migration des populations, l’environnement et la gestion des ressources naturelles ;
  • Promouvoir la recherche scientifique sur l’agroécologie pour une transition agraire et une sécurité alimentaire et nutritionnelle durable ;
  • Prendre en compte la dimension genre dans le programme de résilience afin de promouvoir l’équité entre les groupes socioprofessionnels dans toutes les communautés des pays du sahel.
  • Appuyer le dispositif d’appui conseil pour la diffusion des résultats de le recherche pour plus d’impacts en matière de résiliences des communautés et des écosystèmes déjà fragilisés par les actions atrophiques et les effets des changements climatiques ;
  • Créer un cadre inclusif et participatif d’évaluation des technologies la gestion durable des terres afin de promouvoir et mettre à l’échelle les meilleures technologies dans les différents pays du sahel ;
  • Promouvoir l’organisation des Universités d’été afin de donner l’opportunité aux agents de terrain de renforcer leurs capacités d’acteur de développement ;
  • Mettre en place un dispositif efficace de mobilisation des fonds pour assurer la continuité des activités prévues dans le plan stratégique du réseau ;
  • Etablir un partenariat fructueux avec d’autres réseaux visant le même objectif dans la perspective de mise en place d’une confédération des réseaux ;
  • Accélérer la signature des conventions de partenariat avec d’autres institution pour renforcer le dispositif d’appui technique et financier du réseau ;
  • Renforcer ce genre de rencontre scientifique qui constitue un meilleur cadre d’échanges et de renforcement des capacités des chercheurs, des techniciens de terrain et des étudiants ;
  • Le comité scientifique du colloque doit mettre plus de rigueur dans la sélection des communications afin d’aboutir à la production d’articles de haute qualité scientifique ;
  • Les participants recommandent au secrétariat exécutif d’intensifier les échanges avec les universités qui ont reçu leur lettre d’admission de bien vouloir concrétiser leur qualité de membre ;

👏 Motions de remerciement

  • Les participants au colloque scientifique international remercient les autorités rectorales et la communauté universitaire de l’UDDM pour l’accueil chaleureux et l’organisation sans faille avec la satisfaction des participants.
  • Les participants au colloque scientifique international remercient vivement le PAM pour le plaidoyer, l’appui constant et l’accompagnement permanent de REUNIR pour son développement.
  • Les participants au colloque scientifique international remercient vivement les autorités administratives et coutumières de la région de Maradi pour l’accueil chaleureux et leur disponibilité.


Discours d’ouverture du colloque

Ministre de l’Enseignement Supérieur de la Recherche et de l’Innovation Technologique

Monsieur Secrétaire

Messieurs les Recteurs et Directeurs Généraux

Messieurs les autorités administratives, religieuses, coutumières, militaires en vos titres et grades respectifs

Monsieur le Président d’honneur de REUNIR

Messieurs les Membres du bureau de REUNIR

Membres du Comité scientifique du colloque

Chers collègues enseignants-chercheurs et chercheurs,

Chers invités,

Chers étudiants

Mesdames et messieurs

Bonjour

J’ai l’insigne honneur de prendre la parole ce matin pour vous souhaiter, aux noms de l’ensemble des membres du bureau de notre réseau à savoir le Réseau des universités du Sahel pour la Résilience (REUNIR) que de ceux des enseignants-chercheurs ici présents, la bienvenue.  

Merci pour l’honneur et l’amitié que vous nous faites d’être des nôtres ce matin, à l’occasion de cette cérémonie d’ouverture de notre colloque scientifique international sur le thème « Migration, Changement climatique, Sécurité alimentaire et Résilience au Sahel »

Je tiens particulièrement à dire merci à Monsieur le Ministre pour avoir répondu favorablement à notre sollicitation malgré son calendrier très chargé. Je suis convaincu que la fibre familiale a été pour beaucoup. C’est bien sûr la famille des enseignants-chercheurs puisque Monsieur le Ministre est Professeur titulaire des universités. C’est aussi l’affection d’un père envers son enfant. En effet, Monsieur le Ministre était à Ouagadougou pour consacrer la naissance de REUNIR. Merci Monsieur le Ministre d’avoir cru et d’avoir apporté votre soutien indéfectible à notre réseau.

Votre présence à tous à cette cérémonie, malgré vos calendriers chargés, est un vibrant témoignage de votre attachement à REUNIR. Je vous demande de l’ovationner.

Monsieur le Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique 

Messieurs les Présidents, Recteurs et Directeurs Généraux

Monsieur le Président d’honneur de REUNIR

Chers collègues,

Chers invités,

Mesdames et messieurs

Notre région sahélienne est caractérisée par des disparités spatiotemporelles des caractéristiques climatiques qui influent négativement sur les moyens d’existence des communautés et particulièrement sur les productions agrosylvopastorales et halieutiques. Cette situation a conduit les pays du Sahel dans une situation d’extrême vulnérabilité quasi-permanente, avec une récurrence des sècheresses, des inondations, des attaques de ravageurs, la dégradation continue des terres et une désertification progressive du milieu naturel.

A ceux-là, il faut ajouter un autre changement majeur de contexte au niveau régional, c’est la montée de l’insécurité et la prolifération de groupes armés, qui sont venues fragiliser davantage la résilience des populations. Le Sahel est aujourd’hui abordé désormais majoritairement sous un angle sécuritaire ou migratoire alors que les populations sont plus que jamais confrontées au problème de la faim.

C’est dire donc, plus que jamais, la construction de la résilience pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle est un impératif pour l’ensemble de nos pays, et cela nécessite l’union sacrée de toutes les forces, qu’elles soient du monde universitaire, communautaire, associatif que des populations concernées.

C’est dans ce sens que le PAM et les universités des pays du Sahel, se sont tendu la main par la signature de convention de partenariat dont les objectifs principaux sont l’élaboration de connaissances, de savoirs et de savoir-faire afin d’accompagner les valeureuses populations à travers la formation des apprenants et la recherche de solutions plus adaptés au contexte local.

Ce partenariat aboutira à la création de REUNIR en janvier 2020 à Ouagadougou.

Pour revenir au colloque, je voudrais souligner que l’idée est née ici à Maradi lors de ma tournée de présentation du réseau aux premiers responsables des universités membres et aux premiers responsables des secteurs ministériels concernés prioritairement par cette question de la résilience. Lors de mon entretien avec le Recteur d’alors, Pr Zakari Moussa Ousmane, nous avons évoqué la question des camps des déplacés internes mais aussi des réfugiés. C’est alors que nous avons convenu de murir l’idée de l’organisation d’un colloque sur la migration au vue des nombreuses préoccupations que cela posait tant pour les déplacés et réfugiés que pour les populations autochtones receveuses. Je suis donc heureux que ce qui n’était qu’une simple idée au départ se concrétise aujourd’hui, et ceci grâce à la détermination des membres du bureau de REUNIR, des premiers responsables des universités membres et de notre partenaire stratégique, j’ai nommé le PAM, qui a abouti à l’élargissement du thème Changement climatique, Sécurité alimentaire et Résilience.

Monsieur le Ministre,

Mesdames et Messieurs

Au-delà des questions alimentaires, d’autres défis sociaux, dont la crise sécuritaire et migratoire avec un nombre croissant de réfugiés et de personnes déplacées internes, impactent négativement le Sahel.

Selon les dernières données statistiques du Burkina Faso, au total, 2 062 534 personnes déplacées internes ont été enregistrées par le Secrétariat permanent du Conseil national de secours d’urgence et de réhabilitation (SP/CONASUR) à la date du 31 mars 2023, soit environ 10% de la population du pays. Plus de 1,3 million de Burkinabè sont devenus des déplacés internes en un peu plus de deux ans.

Au Mali, au 30 avril 2023, il y avait 375 000 personnes déplacées internes (PDI).

Au Niger, à la date du 17 mai 2023, environ 670 000 personnes étaient en situation de déplacement forcé, comprenant 378 000 déplacées internes, 255 000 réfugiés dans plusieurs régions, ainsi que des anciens réfugiés dans la région de Diffa.

Ces chiffres reflètent les défis humanitaires auxquels les pays du Sahel sont confrontés, et les énormes efforts continus qu’ils doivent fournir pour répondre aux besoins de ces populations déplacées sont d’une importance capitale.

C’est pourquoi, le Réseau des Universités du Sahel pour la Résilience a décidé d’organiser ce colloque sur la Migration, le Changement climatique, la Sécurité alimentaire et la Résilience au Sahel.  L’enjeu majeur qui justifie la tenue du présent colloque est de créer les conditions de profondes réflexions autour des défis majeurs qui minent le processus de développement et la construction de la résilience des communautés et des écosystèmes sahéliens.

Ce colloque vise donc à mobiliser les enseignants-chercheurs, les chercheurs, les doctorants, les acteurs du développement et les communautés pour la construction d’une paix et d’un développement durable au Sahel.

La répétition étant pédagogique, je reviens encore pour dire qu’aujourd’hui, plus que jamais, la construction de la résilience pour la sécurité alimentaire et la nutrition est un impératif pour l’ensemble de nos pays, et cela nécessite l’union sacrée de toutes les forces, qu’elles soient du monde universitaire que de celui communautaire.

Avant de conclure, je voudrais encore remercier le Programme Alimentaire Mondial qui a permis la tenue ce colloque scientifique international sur le thème « Migration, Changement climatique, Sécurité alimentaire et Résilience au Sahel ». Le PAM nous a toujours accompagné avant, pendant et après la création de REUNIR et continue de nous soutenir. Permettez-moi d’adresser une mention très spéciale à deux personnes qui ont toujours été des nôtres malgré les distances depuis le début de cette aventure. Il s’agit des frères jumeaux hétérozygotes dont l’un est présent ici Adamou Ounteni ISSAKA et l’autre en ligne Volli CARUCCI. Je vais  demander celui présent ici de bien vouloir se lever afin que nous puissions les ovationner. Je voudrais également remercier deux dames qui ont aussi accompagner REUNIR depuis le début, il s’agit de Margot VANDERVELDEN, Directrice du Bureau Régional de Dakar et de Elvira PRUSCINI du bureau Pays du Burkina Faso sans oublier Scott RONCHINI de LARA.

Enfin, je voudrais remercier très chaleureusement Monsieur le Recteur de l’Université Dan Dicko Dankoulodo de Maradi pour avoir accepté d’abriter ce colloque et toutes les facilités mises à la disposition de REUNIR pour la réussite de cet important évènement.

Merci à tout le personnel enseignant, administratif, ouvrier et de soutien pour le travail réalisé.

Monsieur le Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique 

Messieurs les Présidents, Recteurs et Directeurs Généraux

Monsieur le Président d’honneur de REUNIR

Chers collègues,

Chers invités,

Mesdames et messieurs

Monsieur le Ministre, veuillez m’excuser d’avoir été long mais je sais que je bénéficie déjà de votre indulgence pour deux raisons principales :

1ère : en votre qualité de Ministre de l’Enseignement supérieur, vous nous payer mensuellement pour que l’on parle

2ème : étant de la famille des enseignants, vous savez que je n’ai fait que respecter les règles de la famille

Je vous remercie pour votre aimable attention

Discours d’ouverture du colloque

Colloque Scientifique International sur : Migration, Changement climatique, Sécurité alimentaire et Résilience au Sahel

Introduction

La région sahélienne est confrontée de manière récurrente à des problèmes d’insécurité alimentaire et nutritionnelle, de dégradation des ressources naturelles conséquences des changements climatiques et de pauvreté. En somme, c’est la partie du monde qui a connu, au cours de la dernière décennie, la plus forte augmentation de la faim malgré la mobilisation et l’intervention d’une diversité d’acteurs pour fournir une aide alimentaire aux plus vulnérables.
Suite aux multiples succès enregistrés à travers les conventions de partenariat scientifique entre le Programme Alimentaire Mondial (PAM), six (6) institutions d’enseignement supérieur et de recherche à savoir l’Université Nazi BONI (Burkina Faso), l’Université Gaston BERGER (Sénégal), l’Université Abdou MOUMOUNI (Niger), l’Université Dan Dicko DANKOULODO de Maradi (Niger), l’Université de N’Djamena (Tchad) et l’Institut Polytechnique Rural de Formation et de Recherche Appliquée (Mali) ont décidé d’unir leurs efforts au sein d’un réseau. Cet engagement a abouti à la création en janvier 2020 du Réseau des Universités du Sahel pour la Résilience (REUNIR). Dans la perspective de l’établissement d’un partenariat fécond entre les institutions dans les domaines de la résilience vis-à-vis de l’insécurité alimentaire et nutritionnelle, les changements climatiques et les catastrophes naturelles au Sahel, le Réseau REUNIR se veut un outil d’appui et d’aide à la décision. Suite aux conclusions de la Conférence des Recteurs, Présidents et Directeur Général des Université membres tenue en mai 2023 à Bamako au Mali, cinq (5) nouvelles Universités sont admises, ce qui portera à onze (11) institutions membres. Il s’agit de l’Université de Fada (Burkina Faso), l’Université de Ségou (Mali), l’Université de Diffa (Niger), l’Université Amadou Moctar Mbow (Sénégal) et l’Université de Abéché (Tchad).
Conformément à ses objectifs et dans le cadre de la mise en œuvre de son plan d’action 2024, le Réseau des Universités des Sahel pour la Résilience (REUNIR) organise ce colloque scientifique international sur le thème « Migration, Changement climatique, Sécurité alimentaire et Résilience au Sahel » à l’Université Dan Dicko Dankoulodo de Maradi au Niger.

Contexte et justification de la tenue du colloque

La région sahélienne est caractérisée par des disparités spatiotemporelles des caractéristiques climatiques qui influent sur les moyens d’existence notamment les productions agrosylvopastorales. Cela est dû au fait que les pays du Sahel sont dans une situation d’extrême vulnérabilité quasi permanente, liée aux sècheresses, aux attaques des ravageurs, à la dégradation continue des terres et à une désertification progressive du milieu naturel.
Depuis quelques décennies, la région du Sahel connaît une forte augmentation du nombre de personnes en insécurité alimentaire. Plus de 6 millions d’enfants de moins de 5 ans sont considérés comme malnutris. L’indice de développement humain des pays du sahel figure parmi les plus bas au monde, le niveau de pauvreté est très élevé avec une faible participation des femmes aux activités économiques et un accès faible aux services sociaux de base.
Au-delà des questions alimentaires, d’autres défis sociaux, dont l’insécurité grandissante et le phénomène de migration avec un nombre important des réfugiés et des personnes déplacées internes impactent le Sahel. L’insécurité croissante est due à l’aggravation des situations conflictuelles au Sahel et aux difficultés liées à la prise en charge de plus d’un demi-million de personnes déplacées à l’intérieur de leurs propres pays.
Ainsi, l’enjeu majeur qui justifie la tenue du présent colloque est de créer les conditions de profondes réflexions autour des défis majeurs qui minent le processus de développement et la construction de la résilience des communautés et des écosystèmes sahéliens.

█ Défis liés au phénomène de migration
La migration est définie comme tout déplacement des individus de leur milieu de vie habituel vers d’autres horizons peut être familiale ou individuelle, temporaire ou définitive, professionnelle, forcée ou volontaire. C’est un phénomène universel basé sur la recherche d’une vie meilleure. La problématique migratoire constitue aujourd’hui l’un des sujets des débats en Europe et ailleurs. On estime à environ 8,4 millions de migrants en Afrique de l’Ouest, dont environ 10 % d’entre eux se dirigent vers l’Europe.
On s’accorde à considérer l’Afrique subsaharienne comme tout particulièrement exposée au changement climatique et à ses conséquences diverses (IPCC, 2014). En Afrique au sud du Sahara, surtout dans les pays du sahel, le phénomène de migration est très préoccupant avec l’intensification des migrations forcées massives aussi bien internes que transfrontalières, ayant comme principales causes l’insécurité, les famines, l’extrême pauvreté, etc. ;En effet, depuis plus d’une décennie, la région du Sahel est en proie à une insécurité grandissante liée à des conflits intercommunautaires et aux actions des groupes terroristes qui opèrent dans la sous-région. Les effets des changements climatiques se traduisent par l’irrégularité des précipitations, la dégradation des terres agricoles, l’assèchement des marres, la disparition du couvert végétal et sont à l’origine du déplacement massif des populations vers des zones où elles peuvent mener leurs activités.
Dans une analyse des questions de migration en Afrique de l’Ouest, Van der Land et al. (2018) ont mis en lumière l’importance de la migration circulaire et des conséquences des remises sur les capacités d’adaptation et sur la résilience. Les facteurs environnementaux ne sont donc pas les seules variables à étudier dans la prise de décision de migrer. Les recherches et les futures réflexions doivent nous éclairer sur les approches plus larges qui prennent en compte l’hétérogénéité des contextes ouest-africains.

█ Défis liés à la sécurité alimentaire et nutritionnelle
Depuis environ quatre décennies, les conditions climatiques extrêmes ont continuellement plongé des millions de personnes dans une insécurité alimentaire aiguë à travers l’Afrique subsaharienne. Les chocs induits par le climat sur le système alimentaire frappent maintenant environ tous les 2 ans, et sont même quasi permanents par endroit. Dans ces conditions, les exploitations agricoles de ces pays ou régions n’ont aucune possibilité de récupération avec le rapprochement des chocs. Donc pour surmonter plus rapidement les difficultés alimentaires, il y a nécessité d’investir dans la résilience des communautés et des écosystèmes. Selon les Nations Unies, en Afrique, jusqu’à 65% des terres de production sont dégradées et 45% des terres sont touchées par la désertification. Cette désertification entraîne une baisse de la fertilité des sols et des terres disponibles pour le pâturage et aussi des baisses de rendements. Dans une déclaration commune lors de la réunion annuelle du Réseau pour la prévention des crises alimentaires en Afrique de l’Ouest (RPCA) tenue à Lomé en décembre 2022, l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF) et le Programme Alimentaire Mondial (PAM) ont lancé la sonnette d’alarme. En effet, ces organismes soulignaient que le nombre de personnes souffrant de la faim en Afrique de l’Ouest et du Centre devrait atteindre un record historique de 48 millions dont 9 millions d’enfants l’année prochaine si des solutions urgentes et durables ne sont pas apportées.
Selon les derniers résultats du Cadre Harmonisé d’Analyse de la Sécurité Alimentaire, plus de 35 millions de personnes (dont 6,7 millions d’enfants) dans la région, soit environ 8% de la population évaluée sont actuellement incapables de satisfaire leurs besoins alimentaires et nutritionnels de base.
Il ne suffit pas pour les populations d’avoir à leur disposition des produits alimentaires, mais il faut une alimentation équilibrée du point de vue nutritionnel surtout pour les enfants de 0 à 5 ans. La malnutrition souvent dans sa forme aigue est très rependue dans nos pays. Ses causes sont d’ordre social, culturel et comportemental, mais elle est aggravée par l’insécurité grandissante et généralisée dans les pays du Sahel. Pour relever ce défi, il va falloir mobiliser les compétences scientifiques pour appuyer les stratégies de développement de nos Etats.
En outre, les pays africains en général et ceux du Sahel en particulier sont affectés par les chocs mondiaux qui ébranlent les systèmes alimentaires, notamment la volatilité des marchés des produits de base, les augmentations des prix de l’énergie et des engrais, les perturbations du commerce international et les événements en cours en Ukraine. Ces chocs ont entraîné de fortes hausses des prix des denrées alimentaires dans toute la région et ont aggravé l’insécurité alimentaire, cette inflation mettant à rude épreuve les maigres revenus des ménages et menacent la résilience des communautés.
Tous les indicateurs montrent qu’il est urgent de trouver des solutions pérennes afin d’assurer aux générations futures une terre productive en mesure de répondre à leurs besoins résumés ci-dessous en termes des défis.

█ Défis liés aux Changements Climatiques
Les pays en développement, particulièrement les pays du Sahel sont vulnérables aux effets néfastes des changements climatiques. Cette exposition se manifeste par une augmentation continue des températures, une forte variabilité spatiotemporelle de la pluviométrie, accompagnée d’une recrudescence des évènements extrêmes à l’échelle de la planète. Toutes les raisons de l’augmentation des températures ne sont peut-être pas encore connues, mais l’essentiel est dû aux quantités énormes de gaz à effets de serre (GES) dont l’émission dans l’atmosphère est liée à l’activité de l’homme (Industries, agriculture, élevage, transport etc.). Il est en effet admis que les changements climatiques sont difficilement réversibles à moyen terme.

Objectifs du Colloque international

Ce colloque international scientifique vise à mobiliser les Enseignants-Chercheurs, les Chercheurs, les Doctorants, les Acteurs du développement et les communautés pour un appui à la construction de la paix et un développement durable au Sahel. Les travaux s’articuleront autour du thème principal : « Migration, Sécurité alimentaire, Changement climatique et Résilience au sahel : Quelles contributions de la recherche scientifique pour une paix et un développement durable ? ».
L’objectif principal est de faire des propositions d’outils et des stratégies d’intervention pour l’atteinte d’une résilience durable des populations et des écosystèmes.
De manière spécifique, il s’agira d’analyser :

  • les impacts des changements climatiques et des pratiques agrosylvopastorales et halieutiques au Sahel et les risques environnementaux ;
  • les causes, enjeux et conséquences des migrations et l’insécurité alimentaire au Sahel ;
  • la gouvernance des ressources naturelles et la gestion durable des terres pour la résilience ;
  • les systèmes et/ou approches de gestion des flux migratoires transfrontaliers.

Organisation du colloque International

Le colloque international durera trois (3) jours du 2 au 4 mai 2024. Outre la cérémonie d’ouverture, le colloque débutera par une conférence inaugurale sur la problématique de développement durable au Sahel – enjeux et défis. Ensuite cinq panels seront organisés sur les sous thèmes suivants :

█ Panel 1 : Sécurité alimentaire et nutritionnelle, migration et développement durable au Sahel ;
█ Panel 2 : Changement climatique et pratiques agrosylvopastorales et halieutiques ;
█ Panel 3 : Gouvernance des ressources naturelles et gestion durable des terres pour la résilience ;
█ Panel 4 : Systèmes et approches de gestion durable des flux migratoires ;
█ Panel 5 : Table ronde de réflexion sur la recherche, les enjeux de développement et la résilience.

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