Le Sahel est la région de l’Afrique de l’Ouest confrontée de manière récurrente à des problèmes d’insécurité alimentaire et nutritionnelle, de dégradation des ressources naturelles et de changements climatiques. Le Sahel est également une région de l’Afrique qui a connu, au cours de la dernière décennie, la plus forte augmentation de la faim. Malgré les efforts continus des gouvernements et des partenaires pour lutter contre l’insécurité alimentaire et la malnutrition au Sahel, on estime que 29,2 millions de personnes seraient en situation d’insécurité alimentaire, dont 9,4 millions souffrant d’insécurité alimentaire sévère et susceptibles de connaître des déficits alimentaires extrêmes.
La nécessité d’une approche globale, multisectorielle et multi acteurs insufflée par le Programme Alimentaire Mondial (PAM)
Conscient que des transformations profondes et durables ne peuvent être réalisées par une entité seule, le PAM a initié des partenariats stratégiques sous une approche globale, multisectorielle et multi-acteurs, nécessaire pour soutenir les communautés confrontées à des risques et vulnérabilités multiples. C’est donc dans l’esprit de capitaliser sur des partenariats solides en vue d’atteindre les objectifs de chacune des parties sur la question de la résilience au Sahel, que le PAM, à travers le Bureau régional de Dakar, s’est rapproché des universités dans 5 pays du Sahel, pour insuffler un changement dans l’approche et l’opérationnalisation des interventions en matière de résilience dans la région. Ce partenariat initié il y a sept années, et les multiples échanges sur les questions liées à la résilience des communautés, de même que les possibilités de collaboration entre les universités de la région, ont abouti à la création en janvier 2020 d’un Réseau des Universités du Sahel pour la Résilience (REUNIR) qui regroupe à ce jour six universités : l’université Abdou Moumouni de Niamey (Niger), l’université Dan Dicko Dankoulodo de Maradi (Niger), l’université Nazi Boni de Bobo Dioulasso (Burkina Faso), l’université de N’Djamena (Tchad), l’université Gaston Berger de Saint-Louis (Sénégal) et l’Institut polytechnique rural (IPR) de Koulikouro (Mali).
La recherche, l’innovation et du partage des connaissances pour des communautés résilientes au Sahel
Le réseau REUNIR offre une occasion unique de faciliter la coopération et le partage des connaissances sur le renforcement de la résilience pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle au Sahel, de faire progresser l’institutionnalisation des outils de résilience et de contribuer à la formation de la prochaine génération d’experts en résilience. Le réseau REUNIR a pour principaux objectifs de :
- Renforcer la recherche :
- développer et mettre en œuvre des programmes de formation régionaux axés sur la résilience ;
- explorer, avec les communautés du Sahel, de nouvelles stratégies et techniques de résilience ;
- contribuer à améliorer la qualité de la recherche scientifique et technologique sur la résilience au Sahel ;
- ou encore mener des recherches sur des sujets clés pour la région tels que la résilience pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle, l’adaptation au changement climatique et la réponse aux catastrophes naturelles.
- Promouvoir l’innovation et le partage des connaissances : consolider la coopération inter-régionale en établissant une plateforme d’échanges et d’innovations.
- Construire des partenariats forts autour de la résilience :
- Apporter un appui-conseil aux institutions partenaires à travers des activités d’enseignement et de recherche ;
- Accompagner les Etats membres et partenaires dans la conception et le développement d’outils d’aide à la prise de décision ;
- développer et mettre en œuvre des projets couvrant l’ensemble des pays du Sahel en partenariat avec les organisations régionales ou sous-régionales intervenant dans le domaine de la résilience.
La création du réseau REUNIR offre une occasion unique de faciliter la coopération et le partage des connaissances sur le renforcement de la résilience pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle dans toute la région
Les actions du PAM pour un Sahel résilient
En 2018, le PAM a travaillé en étroite coordination avec les gouvernements et les partenaires pour mettre en œuvre son programme de résilience intégré dans les pays du G5 Sahel (Burkina Faso, Tchad, Mali, Mauritanie et Niger), à travers de multiples activités intégrées, combinant la création d’actifs, l’alimentation scolaire, la nutrition, le renforcement des capacités des communautés et un soutien en période de soudure. Dans la pratique, il s’agit de redonner vie et potentiel de productivité aux terres dégradées, de ramener les enfants à l’école,
d’investir dans une alimentation saine pour les mères et les enfants, de créer des emplois pour les jeunes et de renforcer la cohésion sociale dans des communautés entières. Le soutien du PAM au réseau REUNIR vise à ce qu’il puisse prendre un essor durable, atteindre ses objectifs et réaliser ses priorités à moyen terme, parmi lesquelles : ouvrir le réseau à d’autres universités du sahel ; renforcer la mobilité des étudiants et des enseignants au sein des pays membres de REUNIR ; ou encore mettre en place des formations continues pour le personnel des services décentralisés des ministères techniques affectés sur le terrain.
Dans le cadre de ce partenariat avec les universités membres du réseau, des ateliers de travail et des visites de terrain sont organisés afin de capitaliser et partager les différentes expériences en matière de résilience, pour créer non seulement un environnement favorable à une meilleure compréhension de l’approche « Résilience » mais aussi de soutenir son renforcement de manière durable, cohérente et stratégique au niveau des pays du Sahel et des institutions universitaires, partenaires du PAM. Le PAM reste un partenaire clé pour le réseau REUNIR, avec qui il a développé trois principaux domaines de collaboration :
- La recherche sur le terrain : déploiement des étudiants en master et en doctorat, issus des universités sur les sites de résilience du PAM, afin de mener des recherches pour leurs thèses, et dont l’expérience et les résultats de la recherche permettent d’alimenter la planification et l’élaboration des programmes de résilience, d’améliorer la qualité technique des interventions et capitaliser sur des solutions concrètes pour renforcer la sécurité alimentaire et la résilience face aux chocs climatiques et économiques au Sahel.
- Le développement de modules de formation : appui au développement de modules de formation et d’une gamme standardisée d’actifs sensibles au climat, entre autres.
- La formation et le partage des connaissances : organisation conjointe de formations techniques à l’endroit du personnel du PAM, des partenaires de coopération et des services gouvernementaux décentralisés afin de renforcer leurs capacités.